LE DÉVOREUR DE MOTS DE MARC BERNARDIN

Le dévoreur de mots 060 : Le choix

Toucan lisant une bande dessinée


C'est le début d'une nouvelle année et si vous êtes comme moi, vous : A) vous vous demandez comment vous avez réussi à passer l'année précédente et B) vous vous demandez ce que vous allez essayer de faire cette fois-ci. Mais il n'est pas toujours facile de décider ce que l'on va mettre sur la liste des choses à faire. La paralysie du choix.

Il y a beaucoup de questions que je me pose lorsque j'essaie de savoir ce qui va suivre :

Quelque chose d'ancien ou de nouveau ?

Si vous travaillez dans ce domaine depuis un certain temps, quel que soit le support, vous avez des idées que vous n'avez jamais concrétisées. Peut-être sont-elles entièrement écrites, peut-être sont-elles à différents stades d'achèvement, peut-être ne sont-elles qu'un gribouillis sur un bout de papier quelque part. Comme me le disait un ami écrivain, "utilisez toutes les parties du buffle". Il y a probablement quelque chose de précieux dans chaque ancien pitch ou script - et vous êtes un écrivain différent aujourd'hui de ce qu'il était à l'époque. Vous êtes peut-être assez intelligent pour en tirer parti.

Mais regarder trop en arrière peut être un piège. Vous êtes un écrivain différent aujourd'hui de ce qu'il était à l'époque, et l'avenir est devant vous. Vous devez continuer à vous étirer pour trouver le travail que vous êtes le seul à pouvoir faire. Trouver un équilibre entre l'ancien et le nouveau est délicat, mais crucial. Lequel des deux permet de mieux utiliser son temps ? Il n'y a pas de réponse facile à cette question.

Pour vous-même ou pour quelqu'un d'autre ?

Selon qui vous êtes et où vous en êtes dans votre carrière, il se peut que vous n'ayez pas le choix. Si vous n'avez jamais été publié auparavant, votre premier travail sera probablement pour vous-même : Un travail que vous ferez pour prouver que vous êtes capable d'écrire des bandes dessinées. Vous n'avez peut-être pas les relations qui vous permettraient de travailler pour quelqu'un d'autre. Vous êtes peut-être le genre de personne qui ne rêve que d'écrire Spider-Man, Wonder Woman ou Hellboy. Et ce sont des rêves valables.

Toutes choses étant égales par ailleurs, supposons que vous soyez en mesure de rédiger un pitch pour un ouvrage appartenant à un créateur ou à une société, la vraie question est de savoir si vous pouvez vous permettre de parier sur vous-même. En effet, si un livre appartenant à un créateur obtient le feu vert, rien ne garantit qu'il sera terminé à temps, qu'il sera terminé tout court ou, même s'il sort en librairie, qu'il rapportera de l'argent. Une commande d'entreprise offre toutes ces garanties : Vous serez payé au tarif de la page et l'article sera publié (à moins que l'entreprise ne disparaisse ou que vous ne soyez licencié, mais peu importe). Vous écrirez un héros d'enfance ou le héros d'enfance de quelqu'un.

Mais il ne sera pas le vôtre, de la soupe aux noix. Et il ne vous permettra probablement pas d'acheter une maison. Non pas que l'argent soit tout, mais les seules personnes qui s'enrichissent dans l'édition sont les éditeurs. Il arrive un moment, dans chaque jeu, où l'on se rend compte qu'être un joueur, c'est bien - parfois même génial - mais ce n'est pas tout à fait comme être un propriétaire. Surtout quand on a encore la possibilité de jouer.

Quelque chose de grand ou de petit ?

Le moment est-il venu de vous plonger dans cet opus magnum, ce projet gigantesque auquel vous voulez vous attaquer depuis toujours ? Ou êtes-vous plutôt d'humeur à tout mettre en place et à tout faire ? La joie d'achever un projet est tout à fait justifiée. Le scénariste John Rogers m'a fait connaître ce dicton : "Ce qui est fait est le moteur de ce qui se fait de mieux". Finir, c'est commencer. Plus vous terminez souvent quelque chose, plus la pile de travaux achevés est importante. Et il s'agira d'une variété de choses - comme les cultures en rotation, votre esprit peut bénéficier de l'élargissement de ses horizons. De plus, le travail inachevé ne fait de bien à personne.

Mais parfois, on a envie d'approfondir et de travailler sur une pièce unique. Un morceau de culture. Il y a quelque chose d'incroyablement attirant à se perdre dans un monde et à trouver l'histoire qui s'y cache. C'est un acte d'exploration, et découvrir un nouveau rivage peut être exaltant.

Peut-être que tous ces choix ne seront pas des choix de type "l'un ou l'autre" : Si vous êtes prolifique, vous pouvez cocher toutes ces cases en un an. Et aucune de ces questions n'a de mauvaise réponse. Faites ce qui vous convient... ou écrivez pour vous.

J'aime les bons jeux de mots.


Le dévoreur de mots de Marc Bernardin paraît le troisième mardi de chaque mois ici sur Toucan !

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