LE DÉVOREUR DE MOTS DE MARC BERNARDIN

Dévoreur de mots 019 : Juge et jury

Toucan lisant une bande dessinée

D'aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours fréquenté les magasins de bandes dessinées. Des bons, des mauvais, des magasins qui sentaient les Cheetos et la sueur et d'autres qui étaient remplis de longues boîtes et de figurines en étain.

Je n'avais jamais vraiment réfléchi à ce qui faisait une bonne librairie de bandes dessinées, car je me contentais généralement de faire mes achats dans le magasin le plus proche de chez moi et de me contenter de ce qu'il y avait à faire. Une bonne librairie de bandes dessinées proposait de bonnes bandes dessinées. Tout le reste n'était que du vent.

Mais cette année, on m'a demandé de faire partie du jury du prix Will Eisner Spirit of Comics Retailer Award, qui est décerné lors de la cérémonie des Eisner Awards au Comic-Con de San Diego. (Je faisais partie de ce jury avec Ross Richie, fondateur et PDG de BOOM ! Studios ; Jeromy Cox, artiste coloriste ; Jason Blanchard, responsable des relations publiques chez Diamond Comics ; Patrick Brower, copropriétaire de Challengers Comics & Conversations, lauréat du prix de l'année dernière ; et [à genoux] Alex Sinclair, artiste coloriste, et moi-même.)

J'ai dû réfléchir longuement à ce qui, selon moi, faisait un bon magasin de bandes dessinées, ce à quoi, comme je l'ai dit, je n'avais jamais pensé auparavant.

La conclusion à laquelle nous sommes tous parvenus est qu'en fin de compte, nous voulions récompenser le genre de magasin où l'on peut envoyer un novice en matière de bandes dessinées et où il aura envie de revenir. Le magasin devait être accueillant et bien achalandé. Il devait être lumineux et bien conçu. Il devait disposer d'un espace d'étagère, d'une profondeur et d'une variété de matériel.

Elle devait être dirigée par des personnes qui aimaient la bande dessinée en tant qu'art et traitaient leurs clients comme des partenaires.

Pour nous six, le seul moyen d'évaluer ces choses était d'utiliser des vidéos de cinq minutes, des piles de photos et un ensemble de faits et de chiffres. Et vous n'avez pas vécu tant que vous n'avez pas vu 37 personnes différentes vous faire visiter leur magasin de bandes dessinées ; tant que vous n'avez pas vu 37 zones d'encaissement, solutions d'étagères, salles d'événements/de jeux et devantures de magasins différentes qui tentaient d'évoquer le sentiment de "geek" sans être aliénantes pour les "muggles".

Je ne peux pas dire que l'expérience a été amusante, mais elle a été incroyablement instructive. Je ne peux pas parler des autres juges et de ce qu'ils ont retiré de cette journée passée dans une salle de réunion perdue du Convention Center, mais pour moi, il s'agissait de réconcilier les deux moitiés de mon univers de nerd.

Je suis suffisamment nostalgique pour chercher un magasin qui soit l'idéal platonique des magasins que j'aimais quand j'étais enfant. Un peu sombre, un peu mystérieux, un peu exigu, comme si vous aviez autant de chances de trouver un ancien numéro de Mage que la lampe d'un génie. Et pourtant, je cherchais aussi ce que Ross Richie appelait un magasin "tourné vers l'avenir". Un magasin qui laissait derrière lui le cliché de la forteresse de broitude "interdite aux filles" que sont tant de magasins - le genre de détaillant qui résiste activement aux nouveaux clients (et, plus important encore, aux clientes) en faveur d'un maintien de la vieille école.

Je n'ai jamais visité l'un ou l'autre, mais d'après ce que nous avons pu apprendre, ce sont des endroits parfaits pour passer un après-midi à jouer les intellos.

Parmi les magasins qui n'ont pas été retenus, certains l'ont été parce qu'ils n'en étaient pas encore là - avec quelques petites modifications (une bonne signalisation est devenue le mot d'ordre du groupe de discussion), ils pourraient être retenus dans un an ou deux. D'autres parce qu'ils ont trop essayé d'être tout pour tout le monde (nous cherchions à récompenser un détaillant de bandes dessinées, pas un magasin "avec plein d'autres choses et, oh oui, des bandes dessinées"). Et d'autres encore parce qu'un bon effort n'est tout simplement pas suffisant).

Pourtant, la passion affichée était une leçon d'humilité. Peu d'entre nous investissent autant dans leur amour de la bande dessinée que ceux qui y investissent tout.


Le dévoreur de mots de Marc Bernardin paraît le troisième mardi de chaque mois ici sur Toucan !

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